BLOG DES AMIS DE PAUL-ÉRIC BLANRUE --- ARCHIVES, ACTUALITÉS, PROSPECTIVES --- DÉMYSTIFICATION ET CONTRE-HISTOIRE

jeudi 30 septembre 2010

ARCHIVES (14) BLANRUE DANS HISTORIA : "Bienheureux suppôts de Satan !" (01/11/2005 - 98)

Plus d'un Français sur quatre croit à la sorcellerie, un sur cinq en Lucifer... Pas étonnant que l'on dénombre dans notre pays quelque 70 000 "travailleurs du paranormal".
Aujourd'hui le Malin ne fait plus peur et les sorcières ne sont plus pourchassées. On assiste du coup à une floraison de communautés et d'individualités se réclamant sans honte de la sorcellerie. Ne se présentant pas forcément comme sataniques, ces « nouvelles sorcières » ont néanmoins en commun certaines pratiques magiques réputées ancestrales ainsi que le rejet global de la culture judéo-chrétienne. Inquiétants ou folkloriques, et bien souvent les deux à la fois, ces personnages marginaux sont désormais ancrés dans les sociétés occidentales. Etant donné le nombre de personnes attirées par leurs techniques et leur philosophie, on doit reconnaître que leur rôle social, pour méconnu qu'il soit, n'est pas mince.
D'après un sondage CSA/ La Vie / Le Monde de mars 2003 sur les croyances des Français, ils sont 27 % à croire au diable, 25 % à l'enfer et 21 % à la sorcellerie et aux envoûtements. C'est le coeur de cible idéal des « marabouts » et autres « grands professeurs » venus d'Afrique, aussi réputés pour leurs opérations de « magie noire » que pour leur distribution de prospectus dans les boîtes aux lettres. Il faut néanmoins rappeler que les pratiques des sorciers africains, ou des pays dans lesquels subsiste un reliquat de tradition non mêlée à des éléments de théologie monothéiste, ressortissent davantage de la magie classique que de l'évocation du diable au front cornu, qui n'apparaît pas dans leur horizon mental.
L'attrait pour les pratiques sorcières touche également les 70 000 travailleurs du paranormal, dont les 40 000 voyants répertoriés en France, certains d'entre eux n'hésitant guère à proposer à leur clientèle envoûtements et désenvoûtements à la carte. Quelques célébrités de ce milieu se sont attirées à un moment une petite gloire médiatique, comme le défunt médium « lucifériste » Octave Sieber ou la « voyante-sorcière des stars » Sterna Weltz. Certains d'entre eux vendent une bimbeloterie magique composée de cercueils miniatures, de litanies à Satan, de miroirs à effigie de bouc, etc., censés protéger leur client, faire revenir femme (ou mari) ou encore ensorceler son ennemi intime.
Sans qu'ils en aient nécessairement conscience, les guérisseurs des campagnes (ceux du Berry sont très réputés) pratiquent, eux aussi, des cérémonies magiques s'inspirant de préceptes autrefois considérés comme démoniaques. De père en fils ou de mère en fille, ils « enlèvent le feu » aux brûlés, désenvoûtent les étables et distribuent diverses potions et formules réputées guérir à peu près tout. Les rebouteux, eux, s'offrent de redresser les corps tordus. Ce sont, pour la plupart, de simples gens qui ont appris sur le tas et qui, par leur situation géographique, se trouvent en état de palier l'absence du médecin de village.
Il existe aussi et surtout des congrégations rassemblant sorciers et sorcières (l'élément féminin y est largement majoritaire) se présentant ouvertement comme tels. Au niveau mondial, ils sont surtout présents en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs Salem, dans le Massachusetts, qui est promue capitale mondiale de la sorcellerie : le symbole de la ville représente une sorcière chevauchant un balai. D'après l'historien américain Brian P. Levack, auteur de La Grande Chasse aux sorcières en Europe au début des temps modernes (Champ Vallon, 1991) de tels groupes rassembleraient environ 200 000 personnes.
Qu'ils prétendent simplement détenir d'antiques recettes, qu'ils se réclament clairement du satanisme ou plus modérément de divinités païennes, ces regroupements se fondent tous sur le stéréotype classique de la sorcière. Dans leur représentation, il s'agit d'un individu allié au diable ou à une entité antichrétienne, qui reçoit en contrepartie du pacte qu'il a scellé un certain nombre de pouvoirs surnaturels. Pour eux, le diable, ou quelque soit son nom païen (le dieu-cerf celtique Cernunnos, par exemple, dont le diable a repris les cornes), est donc un être positif, puisque générateur de surpouvoirs.
L'un de ces courants sorciers s'inspire de l'Américain Gerald Gardner, auteur de Witchcraft Today (La sorcellerie aujourd'hui, 1954) qui, s'appuyant sur les travaux de l'historienne britannique Margaret Murray, prétend que la sorcellerie repose sur un culte ancien de la fertilité nommée la Wicca, « la plus vieille religion du monde », dont il faut pourtant reconnaître que peu d'historiens classiques ont entendu parler.
Bien que les rites des organisations se revendiquant de cette tendance se rapprochent souvent, en réalité, des pratiques sadomasochistes (les cérémonies « religieuses » sont parfois troublantes de ce point de vue), ce type de groupes ne se présente pas toujours comme maléfique, au sens premier du terme. Leurs membres prétendent même « faire du bien » à l'humanité, quoique la définition de ce « bien » soit légèrement différente de celle adoptée par le judéo-christianisme, comme le démontrent notamment les écrits du pape du satanisme contemporain, l'Américain Anton LaVey, par exemple sa Bible satanique .
D'autres organisations, elles, pratiquent concrètement et directement le culte maléfique de Satan. Ce fut le cas, par exemple, de la petite communauté de l'Américain Charles Manson, qui se glorifiait d'être « l'incarnation du Mal », et qui fut à l'origine, dans la nuit du 9 août 1969, de l'assassinat de l'actrice Sharon Tate, l'épouse du réalisateur Roman Polanski, auteur d'un film sur la présence du diable dans nos sociétés ( Rosemary's Baby , 1968). On attribue à Charles Manson une cinquantaine de crimes similaires. Il croupit actuellement dans les geôles américaines, charriant son lot de fans qui arborent fièrement des tee-shirts à son effigie. 



 C'est également le cas de certains profanateurs de sépultures, de sacrificateurs d'animaux et de quelques assidus participants à des « messes noires » et « rouges » dans les cimetières. Après avoir partagé quelque temps leurs croyances, le Français Jean-Paul Bourre s'est longuement penché sur ces mouvements extrêmes. Selon lui, « nous assistons aujourd'hui à une véritable renaissance des pratiques sorcières » ( Les Profanateurs. La Nébuleuse de tous les périls : Nouvelle Droite, Skinheads, Rock metal, Néonazis , Le Comptoir éditions, 1997).
Il existe aussi un courant international, parallèle à ceux-ci, plus modéré dans son fond, qui développe un « art de vivre » assez sombre, mêlant cinéma d'épouvante, littérature fantastique et victorienne (Dracula, les vampires...), peinture, mode vestimentaire (habits noirs), rock et philosophie : le gothique. Il ne s'agit pas néanmoins d'un retour frontal au satanisme ou à la sorcellerie, mais plutôt d'une mode à usage de teenagers en rébellion.
En France, quelques groupes typiquement sorciers se sont distingués dans les années 1990, notamment l'Ordre international des sorciers lucifériens, la branche française de la Wicca internationale, avec le suicide de ses deux fondateurs en 1995, Jack Coutela et sa compagne Nicole Letellier, alias la Grande-Prêtresse Diane Lucifera, entraînant dans leur mort une jeune adepte. Ces personnages, de temps à autre invités à s'exprimer sur les ondes, étaient les auteurs des Douze Leçons de magie pratique , dans lesquels on apprenait que « Lucifer [...] est le Dieu unique et créateur ». Coutela était également rédacteur de la revue de paranormal Incroyable et scientifique , dirigée par l'un des plus grands patrons de la presse pornographique française (la sexualité débridée est souvent l'un des principes de base du satanisme). La France accueille une autre Wicca, qui se prétend « occidentale ». Comme l'a révélé Serge Faubert, dans L'Evénement du jeudi , son fondateur, Francis Ceccaldi, alias Yul Ruga, « mage luciférien », est un ancien membre du Parti populaire français du collaborationniste Jacques Doriot.
La frange la plus radicale de l'extrême droite semble en effet spécialement attirée par le culte de Satan, alliant pour l'occasion musique et ésotérisme noir. Le monde du black metal est particulièrement concerné, avec l'apparition de groupes « néovikings » en provenance de Norvège, tels Emperor (dont le leader, Faust, a été condamné à quatorze ans de prison pour le meurtre d'un homosexuel) ou Burzum, dont le héraut, Varg Vikernes, qui dirigeait une officine appelée les Prêcheurs du diable, s'est vu condamner à vingt et un ans de détention pour l'assassinat de l'un de ses concurrents.
Lorsqu'en 1996, une tombe chrétienne est profanée dans un cimetière de Toulon, la police remonte également jusqu'à un jeune militant d'extrême droite, lecteur de Napalm Rock , un fanzine proche de l'organisation néofasciste Nouvelle Résistance, fondateur d'un groupe black metal (Funeral) et par ailleurs membre d'un hypothétique Ordre sacré de l'Emeraude (l'émeraude est considérée comme la pierre que Lucifer perd lors de sa chute, que les adeptes ont pour mission de retrouver, à l'instar du Graal).
Ces groupes étranges font régulièrement la une des journaux. Si quelques-uns sont réellement dangereux, il semble que les médias aient tendance à surestimer leur importance et à exagérer leurs méfaits dans une perspective spectaculaire.
Ce que la presse révèle peu, en revanche, c'est que la plupart de ces groupes reposent sur une interprétation abusive du phénomène de la sorcellerie. Les grimoires que certains d'entre eux utilisent dans leurs cérémonies ne sont par exemple que des pseudépigraphes, c'est-à-dire des documents faussement attribués à des personnages célèbres. Comme l'a rappelé Jean-Marie Quérard dans ses Supercheries littéraires dévoilées (Paris, 1869), dont le plus connu, Les Secrets du Grand Albert et du Petit Albert , best-seller international sans cesse réédité, est loin de remonter, contrairement à ce que prétendent les sorciers, à Albert Groot, le maître de saint Thomas d'Aquin (XIIe siècle)...
Ensuite et surtout, les sorcières et sorciers d'aujourd'hui, par ignorance sans doute, s'appuient souvent sur ce qu'il y a de plus contestable, et de moins défendable sur un plan historique, dans le concept de sorcellerie : l'aspect justement diabolique de la sorcière. Car comme le relève l'historien Robert Muchembled (lire son éditorial page 4) , dans son livre La Sorcière au village (Folio, 1991), la sorcière diabolique est un concept construit « de toutes pièces par les clercs et par les élites sociales » ayant mené à la persécution.
Les « authentiques » sorcières ont souffert d'accusations devant plus à la rumeur et à la paranoïa de leurs juges qu'à la réalité des faits. Leurs actuelles descendantes, s'efforçant de cultiver un fonds diabolique, ont une nette tendance à confondre l'acte d'accusation et les pratiques réelles. Ce faisant, elles ressemblent davantage à l'image de la sorcière inventée par les démonologues qu'aux malheureuses persécutées sur les bûchers du bras séculier, à qui elles rendent par le fait un bien mauvais service posthume...
Par Paul-Éric Blanrue

mis en ligne par floriana

mercredi 29 septembre 2010

ARCHIVES (4) BLANRUE DANS HISTORIA : "Les vignerons font de la résistance " (01/09/2006 - 717)

Les vendanges de l'automne 1939 débutent en même temps que la guerre. Dans toutes les régions viticoles, on s'organise pour cacher les bonnes bouteilles et vendre la piquette à l'occupant.  

Lorsque, le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l'Allemagne, les vendanges sont sur le point de commencer et la main-d'oeuvre se fait rare du fait de la « drôle de guerre » qui mobilise les hommes en âge de combattre. Pourtant, la récolte se révélera particulièrement abondante avec plus de 70 millions d'hectolitres en métropole et 18 millions en Algérie, mais elle sera aussi, en termes de qualité, l'une des plus mauvaises du siècle. 

Inquiets de la tournure des événements politiques et militaires, certains viticulteurs s'organisent dès les premières heures. A Beaune, Maurice Drouhin entreprend de mettre à l'abri une partie des dizaines de milliers de bouteilles qu'il a en stock. Il les cache dans une cave du XIIIe siècle, dont les galeries forment un véritable labyrinthe et en mure certaines pour les préserver de l'arrivée éventuelle de l'envahisseur. En Champagne, les producteurs, bénéficiant de kilomètres de caves creusées dans la roche calcaire, se livrent à de semblables travaux. Chez Laurent-Perrier, pour que nul ne s'aperçoive du subterfuge, une statue de la Vierge est placée dans une niche, au beau milieu de la maçonnerie. Même prudence chez les restaurateurs, possesseurs de grandes cuvées.



André Terrail, propriétaire du célèbre restaurant gastronomique parisien La Tour d'Argent, vit dans la hantise que les Allemands ne lui dérobent sa cave, oeuvre de sa vie, constituée de 100 000 bouteilles, dont certaines du XIXe siècle. Déprimé, il quitte Paris à la déclaration de guerre et confie le restaurant au gérant Gaston Masson, et à son propre fils Claude [décédé à 88 ans, le 1er juin dernier]. Le 12 mai, l'armée allemande franchit la Meuse. Claude Terrail et Gaston Masson se lancent alors eux aussi dans la construction d'un mur pour dissimuler leur réserve de vin dans leurs caves du bord de Seine. Compte tenu de la grande quantité de bouteilles conservées, ils se résignent à ne cacher que les meilleurs millésimes, dont un sublime 1867. Aussi, lorsqu'un émissaire du maréchal Goering demande à le voir en juin, Masson lui rétorque que ce millésime, est épuisé. Devant la stupéfaction de l'officier, il l'engage à vérifier par lui-même. Celui-ci renonce après deux heures de fouilles infructueuses. Sauf qu'il confisque 80 000 bouteilles qui n'ont pu être dissimulées...
La Blitzkrieg de mai-juin 1940 a livré la France aux Allemands mais n'a guère endommagé les vignobles alsaciens et champenois. La viticulture n'est pas sauvée pour autant. Dans les semaines qui suivent, producteurs et négociants sont victimes de pillages. Rien qu'en Champagne, deux millions de bouteilles disparaissent. La détresse des viticulteurs est telle que les autorités d'occupation décident de « tenir » leurs troupes. Deux jeunes soldats allemands, surpris dans les caves de Perrier-Jouët, sont condamnés à mort par une cour martiale. Verdict finalement commué en sanction disciplinaire : les deux hommes sont envoyés au front. Une manière pour l'occupant de faire savoir que le pillage des caves doit prendre fin.
A Bordeaux, les Allemands se montrent particulièrement vigilants à cause de l'importance stratégique du port et de sa base sous-marine, commandée par Ernst Kühnemann (ancien négociant en vins berlinois). Dès juillet, plusieurs châteaux sont réquisitionnés, à commencer par ceux des propriétaires et négociants britanniques (Sichel, Barton), ou juifs (Nathan, Rothschild).
Si l'exportation de vin s'arrête en partie (les expéditions vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont interdites), elle est compensée par le marché intérieur et surtout par l'énorme demande des occupants. La convention d'armistice, puis les accords de Wiesbaden, assigne à la France le rôle de pourvoyeur agricole du Reich. En 1942, Goering déclare même : « Les plus grands vins doivent être réservés aux occupants allemands. » Dès lors, le vin français est acheté par les Allemands, non plus pillé. L'article 18 permet toutefois à l'occupant de mettre sous séquestre des caves entières, de s'opposer à des ventes sur le marché national, et d'exercer dans les vignes et les caves, un contrôle des quantités et de la qualité.
Pour sélectionner et acheter les meilleurs vins et les envoyer en Allemagne, d'où ils sont réexportés sur le marché international, Berlin crée un corps de spécialistes, « les marchands de vin en uniforme », que les Français rebaptisent « Weinführers » (chefs du vin) : Otto Klaebisch en Champagne, Adolphe Segnitz en Bourgogne, Heinz Bömers dans le Bordelais. Par chance, ces hommes sont souvent francophiles et tentent de ménager les intérêts des viticulteurs. Ainsi à Bordeaux, Bömers achète-t-il les stocks de vin de mauvaise qualité (datant des années 1930) et s'attache à régler chaque livraison... à tel point qu'il doit se rendre à Paris pour répondre d'accusations de laxisme ! Il se lie d'amitié avec Louis Eschenauer, chef du négoce local. Le syndicat des négociants bordelais, présidé par Edouard Kressmann, communique chaque lundi à ses membres les offres d'achat de l'intendance militaire et le quota des bons de vente à la clientèle particulière attribués par Bömers. Solidement encadrés par ces experts, les Allemands se révèlent être, en effet, des clients qui, la plupart du temps, payent au « juste prix ». Et dans le Bordelais, les cours sont particulièrement élevés : le tonneau de 900 litres de château-yquem est à 130 000 F, les quatre premiers crus rouges de médoc à 100 000 F, les autres à environ 80 000 F. Le commerce bat son plein. Peu de résistance ici, mais une collaboration en bonne et due forme. Eschenauer aura à en répondre à la Libération, comme 300 autres propriétaires bordelais qui seront condamnés.
Ailleurs, la situation est différente. « Si vous voulez vendre, parfait. Sinon, libre à vous », annonce le Weinführer Segnitz aux producteurs de Bourgogne. De fait certains viticulteurs refusent toute vente, comme la maison Louis Latour. Mais la mansuétude allemande est toute relative : Maurice Drouhin, dirigeant de la commission administrative des Hospices de Beaune (disposant de dizaines d'hectares de grands crus), est arrêté. Membre de la Résistance, il envoie depuis la prison à sa femme Pauline, en utilisant un code secret, des informations à destination des maquisards (conseils sur la meilleure façon de traverser la ligne de démarcation, positions des troupes allemandes soutirées à ses gardiens...). Libéré en 1942, il obtiendra de Segnitz qu'aucun Allemand ne participe aux festivités marquant le 500e anniversaire des Hospices !
En Champagne, les négociations sont plus tendues avec le Weinführer Klaebisch. Dès juillet 1940, celui-ci informe de ses exigences le Bureau national de répartition, qui devient en 1942 le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), dirigé par le comte de Vogüé : livraison à la Wehrmacht de 12 millions de bouteilles en six mois, avec mise sous séquestre des stocks et des récoltes à venir. Pour maintenir l'approvisionnement du marché national et des rares marchés d'exportation (Scandinavie, Amérique du Sud...), les Champenois refusent de dépasser le chiffre des 300 000 bouteilles par semaine. D'âpres discussions s'engagent sur les proportions respectives de mousseux et de champagne, sur les qualités que Klaebisch vérifie en personne dans les caves, ou sur les compensations (livraison de cuivre ou de charbon...). A force de persévérance, les négociants parviennent à éviter une gestion allemande de leurs stocks. Mais ils ne peuvent empêcher les contrôles, les amendes ou, parfois, la prison.
La résistance des vignerons est souvent diffuse, mais omniprésente. La maison Pol-Roger, comme les autres, mure ses meilleurs crus. Les étiquettes « Réservé à la Wehrmacht » sont collées sur des cuvées de mauvaise qualité. C'est lors d'une vérification surprise de Klaebisch que François Taittinger, fils du maire de Paris, est arrêté et envoyé en prison, où il retrouve d'autres producteurs qui, comme lui, ont tenté de gruger l'occupant. Heureusement, au cours de leurs descentes dans les caves, les Allemands ne se rendent pas compte que les kilomètres de galeries creusées dans le calcaire servent non seulement à dissimuler le vin, mais aussi à entreposer du ravitaillement et des armes (et parfois des hommes) pour la Résistance. Il faut dire que ces souterrains, dont ils ignorent la topographie, ne les engagent pas à y mettre les pieds.
Représentant du CIVC, le viticulteur Robert-Jean de Vogüé dirige, dans la clandestinité, l'aile politique des maquis de Champagne-Ardenne. Dans le dédale des 24 km de galeries de la cave Moët &aChandon, qui devient un bastion de la Résistance, il accueille ses compagnons d'armes. Arrêté, il est condamné à mort et l'un de ses collègues est déporté au camp de Bergen-Belsen. En réponse, une gigantesque grève des viticulteurs éclate, qui ne laisse pas d'inquiéter Klaebisch. La peine de Vogüé est commuée, mais il reste en prison. Les représailles ne se font pas attendre : les autres cadres de la maison Moët sont emprisonnés ou déportés tandis que les Allemands diffusent un film de propagande dans lequel on voit des caisses de Moët remplies d'armes. Klaebisch finit par prendre la direction de la maison. Au total, les Weinführers expédient chaque année en Allemagne plus de 2,5 millions d'hectolitres de vin, ce qui représente environ 312 millions de bouteilles.
Le gouvernement formé par Philippe Pétain a d'abord suscité l'enthousiasme de certains vignerons. Propriétaire d'un petit vignoble sur la Côte d'Azur, le nouveau chef de l'Etat n'avait-il pas écrit, lors de la Première Guerre mondiale, que le vin avait été « pour les combattants, le stimulant bienfaisant des forces morales comme des forces physiques » et qu'il avait « largement concouru, à sa manière, à la victoire ».
Mais avec le temps, la résistance s'accroît. Dès l'été 1940, les viticulteurs doivent faire face à de nombreux problèmes, dont le manque de carburant et un grave déficit de main-d'oeuvre. Aux pertes militaires et civiles s'ajoutent plus d'un million et demi de prisonniers incarcérés dans les camps allemands. La plupart d'entre eux viennent des zones rurales et beaucoup sont, directement ou non, liés à la viticulture, tel Gaston Huet, propriétaire à Vouvray, en pays de Loire, ou le marquis Bertrand de Lur-Saluces, propriétaire du château d'Yquem, dans le Bordelais. Sans oublier les jeunes requis du Service du travail obligatoire (STO) qui partent en Allemagne à partir de 1943.
Les premiers temps, les ouvriers viticoles sont exemptés de STO, mais bientôt cette dispense est supprimée, ce qui pousse les vignerons à entrer dans la Résistance. Maurice de Nonancourt, en stage chez Lanson en Champagne, tente ainsi de faire passer une vingtaine d'employés promis au STO dans le Sud. Il est arrêté (et meurt en camp). Son frère Bernard prend la relève et franchit la ligne de démarcation. Dans son périple, il croise le chemin de l'abbé Pierre qui l'envoie suivre un entraînement dans un commando. On le retrouvera bientôt à la 2e DB.
A partir du printemps 1941, les viticulteurs ont également à gérer une pénurie de produits de traitement. Le blocus auquel est soumise la France, et qui s'aggrave en novembre 1942, interdit les approvisionnements en soufre et en sulfate de cuivre. L'oïdium et le mildiou font alors de terribles ravages. Sur une superficie pratiquement inchangée (1 513 000 ha en 1939, 1 434 000 ha en 1945), les récoltes diminuent de moitié entre 1939 et 1942.
La sous-production fait du vin un produit rare. Le vin de consommation courante figure dans la première liste des produits alimentaires contingentés et taxés par le décret du 30 juillet 1940. Il est cher et ne s'obtient qu'en échange de tickets d'alimentation. Les prix officiels doublent, voire quadruplent au marché noir. Vichy se lance alors dans une campagne antialcoolique, décrète des jours sans alcool, en interdisant la vente aux bars et restaurants, et réserve pour la première fois sa consommation dans les lieux publics aux plus de 14 ans. Du coup, le marché noir est florissant. Le gouvernement a placé la production sous son contrôle entier et les vignerons n'ont même plus le droit de garder une réserve, exemptée de taxe, pour leur usage personnel.
Tous ces tracas vont lancer de nombreux viticulteurs dans une vie parallèle. La plupart s'engagent dans des opérations plus ou moins solitaires destinées à pourrir la vie de l'occupant. Divers subterfuges sont utilisés par les viticulteurs pour marquer leur mauvais vouloir. André Forneau, producteur de vouvray, enterre ses meilleures bouteilles dans son potager. Son beau-frère, Gaston Huet, les dissimule dans une grotte qu'il garnit de buissons. Certains, armés de jerricans et de tuyaux en caoutchouc, siphonnent les barriques de vin à destination de l'Allemagne. Dans les trains, des caisses défectueuses perdent leurs bouteilles une à une au fur et à mesure de leur transport. D'autres vendent comme grands crus de la « piquette » imbuvable en temps de paix ou des vins coupés d'eau, ou bien encore ferment leurs bouteilles avec des bouchons de mauvaise qualité. Résultat, même dans les grands restaurants de Paris, les Allemands, habitués aux « farces et attrapes » des viticulteurs, deviennent très méfiants lorsqu'ils passent commande de bonnes bouteilles...
Même ceux qui peuvent moins facilement résister que les autres s'y mettent. Ainsi les Hugel en Alsace annexée, dont toute la production a été mise à la disposition de l'armée allemande et des dignitaires du Reich à des prix dérisoires. Lorsqu'ils reçoivent des commandes pour le front russe, ces viticulteurs de Riquewihr trouvent mille prétextes pour ne pas répondre aux Allemands, faisant mine de manquer de bouchons, de bouteilles ou de moyens de transport. Puis ils en profitent pour écouler l'exécrable cuvée 1939. Pendant ce temps, ils stockent leur bon vin. Un jour, pourtant, les Allemands s'aperçoivent de leur manège et ferment leur exploitation tricentenaire. L'un des fils Hugel est incorporé de force dans la Wehrmacht, l'autre se retrouve sur le front russe. D'autres encore, comme les Miaihle, propriétaires dans le Bordelais, accueillent dans leur château des familles juives originaires d'Italie, et, au péril de leur vie, organisent leur fuite grâce à de faux papiers.
La Résistance elle-même a souvent besoin des vignerons, et pas seulement de leurs caves ou de leurs tonneaux. Les maquisards se servent parfois des feuilles de route des cargaisons pour en déduire la position des troupes d'occupation, comme par exemple en 1941. Les Allemands ont passé une importante commande de champagne à destination d'un « pays de climat chaud ». L'information est transmise aux services de renseignement britanniques. De fait, il s'avère peu de temps après qu'il s'agit de l'Egypte, où Rommel va s'élancer.
A la fin de la guerre, les vignerons français vont prendre leur revanche grâce à l'un d'entre eux. En mai 1945, prenant les Américains de vitesse au prix de marches forcées, Bernard de Nonancourt, devenu sergent dans la 2e DB de Leclerc, arrive au « nid d'aigle » d'Hitler, à Berchtesgaden. Dans la cave, il découvre un demi-million de bouteilles des meilleurs vins français (lafite-rothschild, latour, yquem, romanée-conti...) et retrouve même les bouteilles de Lanson, volées à son oncle !
Hitler n'appréciait guère l'alcool, mais son dégoût était loin d'être partagé par les membres de son état-major : Goering était un grand buveur de bordeaux et le ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, avait été attaché commercial de la maison de champagne Mumm et Pommery en Allemagne. Le vice-chancelier Von Papen avait, lui aussi, été négociant en vin.
Pour descendre ces trésors des cimes, Bernard de Nonancourt va employer les grands moyens et réquisitionner les civières de l'unité médicale. Au total, c'est plus de 200 soldats qui vont être mobilisés pour cette tâche, laquelle s'échelonnera sur plusieurs jours. Grâce à eux, le vin échappe aux « prises de guerre » des Alliés et retrouve du même coup son terroir d'origine.
Dernier clin d'oeil de l'Histoire : alors que 1939 est un des pires millésimes, que les années 1940 et 1941 sont elles aussi fort médiocres, en quantité comme en qualité, le cru 1945, celui de la victoire, bien que faible en volume, va s'avérer sans conteste l'un des meilleurs du siècle ! L
Par Paul-Eric Blanrue 

mis en ligne par floriana

Jean-Baptiste Lully - Ballet de la Nuit (Ouverture)

Pendulum - Blood Sugar

ARCHIVES (1) BLANRUE DANS HISTORIA : Dossier francs-maçons : "Révélations sur des secrets bien gardés" (01/03/2008 - 735)

Les archives russes : quelles révélations ?

Le Grand Maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet, raconte la récente restitution des documents saisis pendant l'Occupation par les Allemands et détenus jusqu'en l'an 2000 en Russie. Ce n'est que vers 1990 que le Grand Orient a eu connaissance de la présence de ces documents en Union soviétique - la loge française pensait qu'elles avaient été détruites. Conservées en partie rue Cadet, au siège de l'obédience, et en partie à  la Bibliothèque nationale, elles représentent une mine d'informations pour les historiens, les universitaires et les journalistes. D'autant que le GODF en autorise le libre accès.
Historia - De quelles archives s'agit-il ?
Jean-Michel Quillardet - A ses origines, comme aujourd'hui, le Grand Orient recensait par fiches ses membres, qui comprenaient leur nom de famille, leur profession, leur adresse, etc. Or, le régime de Vichy, dès ses débuts, interdit la franc-maçonnerie, en même temps qu'il initie une politique antisémite répressive. La nouvelle législation interdit également aux francs-maçons l'accès à  différents emplois. Notre siège du 16 rue Cadet, à  Paris (9e), est occupé par les autorités allemandes, puis par celles de Vichy, qui y installent la Section des activités secrètes, dirigée par l'historien Bernard Faye, nommé à  la tête de la Bibliothèque nationale. Cette section est placée sous l'égide du ministère de l'Intérieur. Une partie de nos fiches est sauvée et brûlée par nos soins à  Bordeaux. Mais la section de Faye entame des recherches dans les archives restées sur place, parce que nous n'avions pas eu le coeur de les détruire. Grâce à  elles, ses services reconstituent les fiches de nos membres, depuis l'origine jusqu'à  1940. Cela leur permet de nourrir l'antimaçonnisme dans la France occupée. Lorsque les troupes allemandes quittent Paris, elles emmènent dans leurs bagages non pas ces fiches, mais toutes les archives qui ont servi à  les reconstituer. Puis les troupes soviétiques envahissent l'Allemagne en 1945 et mettent la main sur ces documents qu'ils expédient en URSS. Ce sont ces cartons qui ont été récupérés en 2000.
H. - Pourquoi réclamer si tard ces archives ?
J.-M. Q. - Notre immeuble principal saccagé, nous avons cru après-guerre que tout notre fonds avait été détruit et perdu. Il fallait tout reconstruire. Tourner la page. Nous avions même oublié leur existence. De plus, les Soviétiques ne se sont pas vantés de les détenir. C'était un secret d'Etat.
H. - Croyez-vous qu'ils pensaient ainsi pouvoir exercer des pressions sur les francs-maçons français ?
J.-M. Q. - La franc-maçonnerie a été interdite en Russie, avec l'arrivée au pouvoir des bolcheviks. Avant la révolution d'Octobre 1917, de nombreux membres de l'aristocratie, comme d'ailleurs des socialistes tel Kerensky, chef du gouvernement de la Russie après la révolution de Février, étaient francs-maçons. Donc les Soviétiques s'intéressaient de près à  leurs activités et voulaient sans doute trouver trace de l'influence des francs-maçons en France, par recoupements. Mais à  notre connaissance, ces archives n'ont pas été utilisées par la police soviétique, et nul n'a eu à  en souffrir.
H. - A-t-on pu reconstituer l'histoire de ces archives en Union soviétique ?
J.-M. Q. - Pas entièrement, mais il semble qu'elles n'aient pas beaucoup servi. Les Soviétiques les ont conservées dans un service du KGB, les Archives centrales spéciales d'Etat, et les historiens russes n'y ont pas eu accès. Puis nous avons appris, par hasard, leur existence au début des années 1990, au moment de la Perestroïka. Nous avons été fort surpris et enchantés. Aussitôt, nous en avons demandé la restitution. François Mitterrand a engagé des négociations pour qu'elles nous soient rendues. Et c'est sous Jacques Chirac, au terme d'un long processus diplomatique, qu'en 2000 la Russie les a restituées à  la France.
H. - En totalité ?
J.-M. Q. - Une partie est manquante, celle des années 1910-1920, qui a dû être perdue dans le transfert effectué en 1945 par les Allemands ou les Soviétiques. Sinon, nous avons tout récupéré.
H. - Comment ont-elles été transférées à  votre siège ?
J.-M. Q. - Le gouvernement français nous les a tout simplement envoyées à  notre demande, et elles sont arrivées dans un camion... le 23 décembre 2000 !
En libre accès H. - Quelle a été votre réaction et qu'en avez-vous fait ?
J.-M. Q. - Nous étions très contents, car ces archives nous permettent de mieux connaître ce qu'a été le GODF dans l'Histoire. C'est une part de nous-mêmes qui nous est rendue, notre mémoire, notre identité. Elles sont dans les mains du conservateur de la bibliothèque du Grand Orient de France, Pierre Mollier. Une partie est en cours d'exploitation. L'autre (celle des origines à  1900) a été versée au fonds GODF de la Bibliothèque nationale (BN). J'aurais souhaité qu'elles aillent aux Archives nationales, mais puisque ce fonds existe déjà  à  la BN, il est apparu que c'était leur place.
H. - Peut-on y avoir accès ?
J.-M. Q. - Absolument, à  la Bibliothèque nationale comme ici. Elles sont en libre accès, à  toute personne, tout chercheur, tout universitaire désirant travailler sur le GODF. Elles sont conservées et consultables dans une pièce située au sixième étage de notre siège, derrière notre bibliothèque, qui existe depuis 1838 et qui est, elle aussi, ouverte à  tous du mardi au vendredi. Il y a deux ans, nous avons ainsi reçu Danièle Mitterrand, qui voulait consulter la fiche de son père, M. Gouze. Elle était très émue en la retrouvant.
H. - Comment sont conservées ces archives ?
J.-M. Q. - Sur des étagères, dans leur carton russe d'origine, agrémenté de caractères cyrilliques. Mises bout à  bout, elles forment un linéaire de 120 mètres, comportant des documents allant de 1743 à  1940 sur la vie maçonnique française.
H. - Toutes vos archives sont-elles consultables ?
J.-M. Q. - Elles sont toutes consultables jusqu'en 1940, car le secret de l'appartenance reste en vigueur pour l'époque contemporaine. C'est à  chacun de décider, si oui ou non, il désire révéler qu'il est membre du Grand Orient de France. N'oublions pas que nous avons été persécutés, et qu'une certaine prudence s'impose. En tout cas, nos archives historiques sont ouvertes au public jusqu'à  une date récente, puisque dans les archives publiques, il faut en général attendre cent ans pour leur ouverture. Lorsque quelqu'un veut venir y travailler, il lui suffit de nous en faire la demande.
H. - Les mésaventures des archives russes ne vous ont-elles pas dissuadés de mettre vos membres en fiches ?
J.-M. Q. - Les temps ont changé. D'abord, nous ne pensons pas que nous puissions encore subir une répression dans la société française contemporaine. Ensuite, il faut bien, comme toute association, disposer d'un fichier actualisé de nos membres, ne serait-ce que pour vérifier leur assiduité ou s'ils sont à  jour de cotisation ! Désormais, c'est l'informatique qui gère tout cela, en circuit fermé, bien sà»r.
H. - Pourquoi avez-vous choisi de rendre publiques ces archives russes ?
J.-M. Q. - C'est un moyen de démontrer que nous ne sommes pas ce que certains prétendent que nous sommes, à  savoir une société fermée, repliée sur le secret. Nous sommes transparents. La discrétion n'est pas le secret. Nos nombreux colloques ouverts au public le démontrent, comme celui que nous avons fait récemment sur l'école et la République. Certaines tenues [séances] également.
H. - Mais n'a-t-on pas évoqué aussi de sombres histoires d'échanges de fichiers avec d'autres obédiences, qui contrediraient la loi du secret ?
J.-M. Q . - Il n'y a pas d'échange de fichiers. Les autres obédiences sont seulement informées en cas de sanctions prises contre l'un de nos membres, et vice versa. Nous nous limitons à  cela.
Par Paul-Eric Blanrue







  

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Et la laïcité ?

Jean-Michel Quillardet, Grand Maître du Grand Orient de France.
H. - La rumeur dit que vous êtes un lobby. Ainsi, le 10 janvier, vous avez demandé à  rencontrer le président de la République Nicolas Sarkozy, au sujet de ses déclarations faites à  Rome sur les " racines chrétiennes de la France ".
J.-M. Q. - Nous ne sommes pas vraiment un lobby, mais nous désirons défendre un certain nombre de valeurs telles que la laïcité. Nous nous efforçons donc d'avoir une influence non partisane. Nous avons des valeurs, nous les affirmons. Beaucoup de francs-maçons ont travaillé en ce sens, depuis Jules Ferry, franc-maçon lui-même. La loi de 1905, séparant l'Eglise et l'Etat, est une oeuvre de la franc-maçonnerie. Et nous nous sentons concernés lorsque ces valeurs sont en jeu. Depuis 1977, nous ne faisons plus de référence au Grand Architecte de l'Univers, comme dans les autres obédiences, qui impliquait une forme de déisme obligatoire.
H. - Le président de la République vous a-t-il convaincus ?
J.-M. Q. - Il a tenu à  nous rassurer. Nous en prenons acte et restons vigilants.
Par Paul-Eric Blanrue
 
mis en ligne par jpsalute

François Couperin: Les Lis naissans (for harpsichord)

dimanche 26 septembre 2010

Glenn Gould - Bach English Suite No. 5, Prelude

Plastikman - Panikattack

Veronese - Musique

L'intégrale du message de Noam Chomsky pour l'abolition de la loi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard.

"J'apprends que Vincent Reynouard a été condamné et mis en prison au nom de la loi Gayssot et qu'une pétition circule pour protester contre ces mesures. Je ne connais rien à propos de Monsieur Reynouard, mais je considère la loi Gayssot comme complètement illégitime et en contradiction avec les principes d'une société libre, tels qu'ils ont été compris depuis les Lumières. Cette loi a pour effet d'accorder à l'Etat le droit de déterminer la vérité historique et de punir ceux qui s'écartent de ses décrets, ce qui est un principe qui nous rappelle les jours les plus sombres du stalinisme et du nazisme. Si la justification de la loi Gayssot est d'interdire les « opinions abominables » ou de faire respecter le droit « de ne pas craindre de vivre dans un climat »[1] de préjugés et de racisme, alors il devrait être évident que, si de telles lois étaient appliquées de façon impartiale, elles rendraient illégales une grande partie des propos exprimés  publiquement qui, même si on peut les considérer comme ignobles, devraient certainement être autorisés dans une société libre et qui, en fait, le sont, sans même que cela ne soulève la moindre question.
Par conséquent, je souhaite exprimer mon soutien à la pétition contre l'application de cette loi dans le cas de Monsieur Reynouard (ou dans tout autre cas)."

Noam Chomsky, le 5 septembre 2010.
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[1] Référence aux termes utilisés par le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU pour justifier la loi Gayssot.
http://www1.umn.edu/humanrts/hrcommittee/French/jurisprudence/550-1993.html.
  

mis en ligne par floriana

samedi 25 septembre 2010

SARKOZY, ISRAËL ET LES JUIFS : LES LECTRICES DE BLANRUE SONT UNANIMES !

COMME FLORIANA, ACCADEMIA ET CASTELLA,
LISEZ SARKOZY, ISRAËL ET LES JUIFS !


LA SECTION "DANSE" DU CLAN DES VÉNITIENS SE DÉVOILE (en partie) !

mis en ligne par marcopolo

lundi 20 septembre 2010

Tintoret - Homme en armure

ARCHIVES (7) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "On ne peut pas plaire à tout le monde", France 3 (28 mai 2006).

THÈME : LES MARCHANDS DE MALHEUR


animateur : Marc-Olivier Fogiel


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ARCHIVES (6) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "C dans l'air", France 5 (13 septembre 2002).


THÈME : LE VENDREDI TREIZE ET LES SUPERSTITIONS


animateur : Yves Calvi


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The Prodigy - Jericho [Original Version].

J.S. Bach, Johannes-Passion BWV 245 "Herr, unser Herrscher" (Philippe Herreweghe).

ARCHIVES (5) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "Secrets d'Histoire", France 2 (2 décembre 2007).


THÈME : LOUIS XVII, L'ENFANT-ROI, EST-IL MORT EN PRISON ?

animateur : Stéphane Bern

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ARCHIVES (4) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "Pourquoi Commnent", France 3 (16 mai 2000).

 
THÈME : LES SECRETS DU SURNATUREL

animateur : Sylvain Augier

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samedi 18 septembre 2010

ARCHIVES (3) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "Journal de 13 heures", TF1 (25 juin 2005).

THÈME : DÉMONSTRATION DE LA REPRODUCTION D'UN FAUX "SAINT SUAIRE" AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS

animateur : Claire Chazal

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ARCHIVES (2) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "On n'a pas tout dit", France 2 (18 Avril 2008).

THÈME : PAUL-ÉRIC BLANRUE et CHRIS LAFFAILLE 
POUR LEUR LIVRE LE JOUEUR - JÉRÔME KERVIEL SEUL CONTRE TOUS (Scali, 2008)

animateur : Laurent Ruquier

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Laudate Pueri - Claudio Monteverdi

ARCHIVES (1) PAUL-ÉRIC BLANRUE SUR L'INA : émission "L'Arène de France", France 2 (4 Octobre 2006)

THÈME : FAUT-IL CROIRE AUX PHÉNOMÈNES INEXPLIQUÉS ?

animateur : Stéphane Bern

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